Biodiversité
Peu de gens le savent, mais les prairies où sont élevés les bovins au Québec constituent des milieux très riches en biodiversité. La gestion durable des sols (rotation des pâturages, gestion de la mise à l’herbe pour les animaux, régénération des prairies, etc.) favorise le maintien des espèces végétales, qui servent d’habitat naturel à une multitude d’êtres vivants. Des centaines d’espèces d’animaux et d’insectes évoluent dans ce système agricole.
1. Des producteurs en action pour la biodiversité!
Sylvain Laroche, producteur de bovins de réforme et de veaux laitiers (Granby, Montérégie)
Lorsqu’il a pris la tête de la Ferme Ruisselet en 2003, Sylvain Laroche a entamé l’implantation de bandes riveraines sur les trois ruisseaux qui sillonnent ses terres. Aujourd’hui, il constate que l’amélioration de la biodiversité présente plusieurs avantages pour sa ferme.
Victor Drury, producteur de veaux d’embouche (La Pêche, Outaouais)
Améliorer la biodiversité à la ferme sans nuire à la production, c’est possible! Le producteur de bovins, Victor Drury, raconte comment il a adopté de nouvelles pratiques comme l’utilisation d’une barre d’effarouchement et la fauche retardée pour aider les oiseaux en péril.
Bertrand Anel, producteur de veaux d’embouche (Cap-d’Espoir, Gaspésie)
Conjuguer la productivité au désir d’embellir le paysage, telle est la mission de Bertrand Anel. Au fil des années, ce producteur de veaux d’embouche a planté une grande variété d’arbres et d’arbustes à la Ferme Percé Nature pour constituer de véritables systèmes agroforestiers favorables à la biodiversité et à son troupeau.
2. Des gestes concrets
À l’été 2023, les Producteurs de bovins du Québec ont réalisé auprès de leurs membres une enquête sur les pratiques favorables à la biodiversité. Il s’agit du premier exercice du genre. En voici les faits saillants :
91 % possèdent une zone de forêt dans leur ferme | |
41 % ont implanté des haies brise-vent | |
32 % ont planté des arbres au cours des 3 dernières années | |
20 % ont des bandes riveraines d’une largeur dépassant les 3 mètres recommandés | |
79 % de ceux qui possèdent des pâturages ou des prairies pratiquent la rotation des pâturages | |
51 % accueillent à leur ferme des nichoirs d’oiseaux, des dortoirs de chauve-souris et des ruches | |
18 % modifient leur patron de fauche pour protéger la faune | |
65 % veulent réaliser dans le futur des pratiques favorables à la biodiversité dans leur ferme |
Source et méthodologie : Questionnaire sur la biodiversité réalisé par les PBQ à l’été 2023 et rempli par 270 répondants, pour un taux de réponse de 9,44 %, avec un niveau de confiance de 90 % et une marge d’erreur de 5 %.
3. Notre implication
Notre implication
Les Producteurs de bovins du Québec (PBQ) ont obtenu une aide financière du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) dans le cadre du programme Prime-Vert pour le projet Programme biodiversité en production bovine.
Ce projet se déroule de mars 2022 à décembre 2024 et a pour objectif de former et d’accompagner les producteurs de bovins dans la mise en place de pratiques visant à favoriser un habitat propice à la faune, notamment les oiseaux champêtres et les pollinisateurs, ainsi qu’à améliorer la biodiversité.
Démonstration de fauche avec la barre d’effarouchement en Outaouais (juin 2022) | ||
Un oisillon observé dans un champ en Outaouais (juin 2022) |
Le Programme biodiversité en production bovine a permis, entre autres, l’organisation d’une série d’activités d’introduction à des pratiques d’élevage, de pâturage et de culture favorables à la faune et aux pollinisateurs afin d’améliorer la biodiversité. Ces journées portaient notamment sur la gestion des pâturages, les techniques de fauche pour la protection des oiseaux et la fauche retardée.
Visite des étudiants de l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec à la Ferme Brotail, avec un atelier sur les aménagements favorables à la biodiversité (octobre 2023) |
Présentation du club Gestrie-Sol sur les plantes sauvages à la Ferme WB (septembre 2023) |
Des productrices et des citoyens à la découverte de la faune présente à la Ferme Écoloveau (août 2023) |
Des biologistes sont également venus à la rencontre des producteurs pour leur présenter quelques-unes des espèces en péril vivant dans les systèmes agricoles du Québec comme la Sturnelle des prés, le Goglu des prés et la rainette faux-grillon.
À ce jour, près de 500 personnes ont participé aux activités organisées dans le cadre de ce programme.
4. Des pratiques qui font une différence
Voici quelques-unes des pratiques favorables à la biodiversité qui sont à la disposition des producteurs de bovins.
Les aménagements à la ferme
Bande riveraine élargie
Il s’agit d’une bande de terre le long des cours d’eau où sont plantées des espèces végétales indigènes. Ces végétaux sont adaptés aux conditions locales et offrent un habitat pour une variété d’animaux sauvages tels que les oiseaux, les insectes, les reptiles et les mammifères.
Les plantes dans cette zone aident également à filtrer les contaminants qui pourraient se diriger vers l’eau, à prévenir l’érosion des sols et à réguler les fluctuations du niveau de l’eau. La largeur peut varier en fonction de l’emplacement et des conditions environnementales du territoire. Cependant, en général, une largeur minimale de 3 mètres est recommandée.
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Fiche pratique sur les bandes riveraines élargies
Bande fleurie
Les bandes fleuries sont des zones de végétation remplies de plantes à fleurs. Elles sont généralement situées en bordure de boisés, de haies, de champs et de fossés. Un des objectifs de ces aménagements est d’offrir abri et nourriture aux pollinisateurs. Les bandes fleuries peuvent aussi abriter des populations de mammifères ou d’oiseaux qui participent elles aussi au contrôle des ravageurs.
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Fiche pratique sur les bandes fleuries
Fiche « Comment favoriser les pollinisateurs en milieu agricole »
Nichoirs
L’implantation de structures artificielles offre des sites de nidification de rechange pour les espèces qui nichent naturellement dans les cavités des arbres morts et des chicots. Ce type d’aménagement attire aussi certains oiseaux insectivores et des oiseaux de proie qui sont des ennemis naturels des ravageurs de cultures. D’autres structures faciles à installer existent également pour offrir un abri aux chauves-souris.
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Guide d’aménagements pour les oiseaux champêtres
Fiche pratique sur les dortoirs à chauves-souris
Fiche « Comment favoriser les oiseaux champêtres en milieu agricole »
Haie brise-vent
Les haies brise-vent sont des rangées d’arbres et/ou d’arbustes dont la fonction principale est de réduire le vent. Ces aménagements peuvent avoir des effets positifs sur l’environnement local en offrant un habitat pour la faune, en réduisant l’érosion des sols, en améliorant la qualité de l’eau et en augmentant la diversité biologique.
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Guide d’aménagement de systèmes agroforestiers (payant)
Fiche pratique sur les haies brise-vent
Outils de transfert de connaissances en agroforesterie
Les pratiques dans les pâturages, prairies et cultures
Rotation des pâturages
Cette pratique permet d’améliorer la santé des pâturages et de maintenir la biodiversité[ii]. Cela implique de diviser les pâturages en sections plus petites et de faire tourner le bétail d’une section à l’autre, permettant ainsi à l’herbe de se régénérer et de favoriser la croissance de plantes différentes. La rotation des pâturages contribue également à réduire la surexploitation des pâturages, ce qui peut causer des dommages permanents à la biodiversité. Le broutement par le bétail peut offrir un habitat de nidification adéquat pour certains oiseaux et d’autres espèces sauvages si la hauteur de l’herbe se situe constamment de 12 à 30 cm pendant les mois de mai à juillet.
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Formations sur les pâturages (Association canadienne pour les plantes fourragères)
Présentation sur la régie intensive des pâturages
Fiche technique sur le pâturage en rotation
Densité du bétail
La réduction de la densité du bétail dans les pâturages avant le 1er juillet est favorable à la nidification des oiseaux champêtres. Les densités recommandées sont de 4,2 têtes/ha pour les bovins de 6 mois à 2 ans dans un pâturage continu et de 6,7 têtes/ha dans un pâturage en rotation. Pour les bovins de moins de 6 mois, les densités recommandées sont de 6,3 têtes/ha dans un pâturage continu et de 10 têtes/ha dans un pâturage en rotation.[i]
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Guide d’aménagements pour les oiseaux champêtres
Fauche retardée
La fauche retardée consiste à différer la date de la fauche des prairies, généralement de quelques semaines à un mois après la date de fauche habituelle. Cette pratique agricole vise à favoriser la biodiversité en permettant aux plantes et aux animaux présents dans les prairies de se reproduire et de se développer avant que la végétation ne soit fauchée.
La fauche retardée peut fournir de l’habitat et de la nourriture pour de nombreux animaux, y compris les oiseaux champêtres, les insectes et les mammifères qui dépendent de la végétation pour leur survie. La littérature recommande généralement de retarder la fauche après le 15 juillet pour favoriser la nidification des oiseaux champêtres[i].
Certains producteurs laissent des zones non fauchées pour favoriser des espèces comme le Goglu des prés, d’autres considèrent la présence de fleurs pour décider de la date de fauche.
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Présentation sur les pratiques agricoles favorables aux oiseaux champêtres
Barre d’effarouchement
La barre d’effarouchement est un outil qui s’installe à l’avant d’un tracteur. Cette barre permet de donner plus de temps aux oisillons et aux femelles de fuir devant la faucheuse. Cette technique est encore peu connue et rares sont les outils de la sorte sur le marché. En revanche, des plans existent sur Internet et les producteurs peuvent faire appel à des soudeurs pour la construire.
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Présentation sur les pratiques agricoles favorables aux oiseaux champêtres
Vitesse et patron de fauche
Crédit : Alexandre Nicole. Lamoureux, S. et C. Dion. 2019. Guide de recommandations — Aménagements et pratiques favorisant la protection des oiseaux champêtres, 2e édition. QuébecOiseaux, Montréal, 198 pages. |
La période de reproduction de plusieurs animaux coïncide avec une activité agricole intense. Au Québec, la période où le risque est le plus grand est d’avril à juillet. Plusieurs précautions limitent la perturbation de la faune comme réduire à 10 km/h ou moins la vitesse de passage durant la fauche ou adopter la fauche centrifuge.
La fauche centrifuge consiste à commencer la fauche depuis le centre de la prairie ou du champ et à progresser ensuite vers les bords extérieurs, plutôt que l’inverse. Cela permet aux animaux de fuir les machines de fauche et de trouver refuge dans les zones non encore fauchées. De plus, les plantes situées à l’extérieur de la prairie peuvent ainsi être épargnées et servir de zone de refuge et de nourriture pour la faune.
De cette manière, la fauche centrifuge permet de réduire les impacts de la fauche sur la faune et la flore, tout en favorisant une diversité d’habitats au sein des prairies et des champs. Cela peut notamment encourager la présence d’espèces animales et végétales rares ou menacées, contribuant ainsi à la préservation de la biodiversité.
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Présentation sur les pratiques agricoles favorables aux oiseaux champêtres
[i] Lamoureux, S. et C. Dion. 2019. Guide de recommandations — Aménagements et pratiques favorisant la protection des oiseaux champêtres, 2e édition. QuébecOiseaux, Montréal, page 85
[ii] Lamoureux, S. et C. Dion. 2019. Guide de recommandations — Aménagements et pratiques favorisant la protection des oiseaux champêtres, 2e édition. QuébecOiseaux, Montréal, page 64.
5. Une riche biodiversité à découvrir
Les prairies des fermes bovines au Québec abritent au moins 545 espèces terrestres vertébrées ainsi que de nombreuses espèces d’insectes et de plantes. Découvrez quelques-uns des représentants de cette biodiversité foisonnante, qui, souvent, jouent un rôle dans l’équilibre des écosystèmes.
Sturnelle des prés
Habitats associés : |
pâturages, cultures fourragères ayant minimalement 7 ans d’implantation et friches herbacées |
Rôle écologique : |
prédateur naturel des insectes ravageurs des cultures |
Goglu des prés
Habitats associés : |
cultures fourragères, pâturage à faible densité de bétail, friches herbacées |
Rôle écologique : |
prédateur naturel des insectes ravageurs des cultures |
Hirondelle rustique
Habitats associés : |
niche sous des structures ouvertes comme les granges, les remises, les garages, les ponts, s’alimente au-dessus de milieux humides, cours d’eau, champs de foin et pâturages. |
Rôle écologique : |
prédateur naturel des insectes piqueurs ravageurs des cultures |
Merlebleu de l’Est
Habitats associés : |
pâturages, prairies, friches, structures humaines |
Rôle écologique : |
prédateur naturel des insectes ravageurs des cultures |
Maubèche des champs
Habitats associés : |
pâturages, prairies, structures humaines. Niche au sol. |
Rôle écologique : |
prédateur naturel des insectes ravageurs des cultures |
Rainette faux-grillon de l’Ouest
Habitats associés : |
étangs temporaires arbustifs en bordure de forêts, clairières, prairies inondées, friches, marais, marécages, fossés de drainage, champs de foin et pâturages. |
Rôle écologique : |
consomme une grande quantité d’insectes, un indicateur de la santé des habitats riverains du milieu agricole. |
Tortue des bois
Habitats associés : |
cours d’eau méandreux de taille moyenne et aux fonds majoritairement sablonneux, milieux humides, forêt riveraine, champs de foin, pâturages et friches. |
Rôle écologique : |
étant omnivore, la tortue joue un rôle dans le contrôle de la végétation et des populations d’invertébrés. |
Bourdon terricole
Habitats associés : |
forêts mixtes, terres agricoles, lisières agricoles, champs de foin où les fleurs abondent. |
Rôle écologique : |
essentiel à la reproduction des plantes indigènes, des arbres et des variétés de culture. |
Monarque
Habitats associés : |
pâturages, champs de foin, milieux humides, fossés herbeux et lisières agricoles où les asclépiades abondent. |
Rôle écologique : |
essentiel à la reproduction des plantes indigènes, des arbres et des variétés de culture. |
Source : Connaître pour mieux protéger (ALUS, UPA Outaouais-Laurentides), Aménagements et pratiques favorisant la protection des oiseaux champêtres (QuébecOiseaux)