La minute bovine – Spécial AGA (avril 2015)
Maintenir la distinction bovine : spécial AGA
210 producteurs de bovins, intervenants de l’industrie et représentants des différents paliers gouvernementaux étaient réunis les 1er et 2 avril pour la 33e assemblée générale annuelle (AGA) des producteurs de bovins du Québec. Les échanges se sont déroulés sous le thème « Maintenir la distinction bovine ».
Mot du président
Durant son allocution aux délégués, M. Claude Viel, président de la Fédération, a insisté sur l’importance pour les producteurs de continuer à travailler ensemble, de façon positive. De la même façon, il a réitéré l’importance de présenter un portrait réaliste aux décideurs, en mentionnant que la production bovine se distinguait par un cycle long, et qu’il faut tenir compte du fait qu’elle évolue dans un pays nordique avec les aléas météorologiques que nous connaissons bien.
En fin d’allocution, M. Viel a aussi insisté sur l’importance primordiale de l’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA). « La coupure de 150 M$ est inacceptable et si on l’additionne à la précédente de 113 M$, le matin qu’on aura besoin de 600 ou 750 M$, il faudra qu’on rappelle au gouvernement que s’il n’avait pas fait de coupure, les coffres de la Financière seraient suffisants ».
M. Viel a terminé en insistant sur le défi des producteurs de veaux de lait qui luttent actuellement pour le maintien de l’ASRA dans leur secteur. Pour lui, c’est une brèche importante qui est créée. Ces producteurs sont ceux qui sont actuellement « au batte », mais demain, ce sera le veau de grain et le porc suivra. Il concluait en affirmant que c’était bien dommage, car la filière est solide et qu’elle demeure un acheteur important pour les 5 800 producteurs de lait du Québec.
Le président de l’UPA, M. Marcel Groleau, qui a assisté à l’AGA, livrait un message similaire, affirmant que le gouvernement avait pris une « décision périlleuse » alors que les agriculteurs « avaient fait leur part ». En réponse à la demande des délégués « d’accorder à la Financière une enveloppe budgétaire à la hauteur des besoins et capable de couvrir les recommandations du Groupe de travail sur la sécurité du revenu », il confirmait que l’appui de l’UPA était acquis. « On va continuer à défendre l’enveloppe ».
Un 5 à 7 populaire
Dans le cadre des activités des Rendez-vous bovins, dédiées aux rencontres avec les décideurs, les députés de l’Assemblée nationale sont venus échanger avec les producteurs, lors d’un 5 à 7 sans prétention. Le ministre de l’Agriculture des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), M. Pierre Paradis, qui assistait à l’évènement, a été interpelé par M. Claude Viel. Ils ont discuté du dossier de la sécurité du revenu, notamment dans le secteur veau de lait. Et tout au long du 5 à 7, les producteurs ont eu accès au ministre, se succédant pour l’entretenir des défis qui jalonnent le parcours de la production bovine, tout en exprimant la distinction de chacun des secteurs.
Des députés de tous les partis étaient présents. Ils ont pu déguster des produits de bœuf et de veau qui étaient à l’honneur. Depuis deux ans, les Rendez-vous bovins ont été l’occasion pour les producteurs de se présenter de façon très proactive en démontrant entre autres que la production bovine est une force économique essentielle pour le Québec de demain. Le 5 à 7 aura été une opportunité supplémentaire, de passer d’un bruit de fond à un message entendu.
Une nouvelle formule : les ateliers conjoints
Toujours avec l’intention d’offrir des approches dynamiques et variées, la Fédération proposait une formule améliorée pour son AGA. Concrètement, plus de temps était alloué pour chacun des ateliers de secteur. Certains secteurs ont donc proposé des conférences et tenu des ateliers conjoints.
Bouvillon d’abattage, bovin de réforme et veau d’embouche
Le secteur bovin de réforme et veau laitier et celui du bouvillon d’abattage ont financé une étude portant sur la mise en marché du bœuf au Québec. L’étude a été réalisée par Mme Marie-Claude Michaud, présidente de La Fibre alimentaire inc.
Au cours de sa présentation, Mme Michaud a fait ressortir l’évolution du positionnement des principaux joueurs du marché du détail ainsi que les tendances au niveau de la consommation. Elle a également expliqué les conditions d’accès au marché du bœuf et les conditions de succès.
M. Martin Lemoyne de Canada Beef inc. a poursuivi en faisant un survol des activités de son organisation. Il en a profité pour mettre en évidence l’importance des marchés d’exportation pour l’industrie. Les producteurs ont pu constater l’importance de valoriser la totalité d’une carcasse de bœuf pour la rentabilité d’un abattoir.
Veau
Les producteurs de veau de grain et les producteurs de veau de lait ont décidé de se regrouper pour traiter des sujets qui intéressent les deux secteurs lors d’un atelier conjoint.
La promotion : C’est la promotion du veau qui a débuté en présentant le suivi sur la synergie promotionnelle du Veau de grain et du Veau de lait depuis sa mise en place en 2013. Mme Marie-Isabel Martineau, directrice marketing et promotion est venue décrire les faits saillants de cette fusion qui s’avère une formule gagnante à plusieurs niveaux.
En 2014, soulignons l’implantation d’une stratégie marketing globale avec la définition de l’image de marque VEAU du Québec et des actions publicitaires et promotionnelles adaptées à chacune des marques de commerce Veau de grain du Québec et Veau de lait du Québec. Une multitude d’activités promotionnelles ont été réalisées pour chacun des secteurs veau de grain et veau de lait.
Orientations publicitaires 2015 pour le Veau de grain du Québec et pour le Veau de lait du Québec : publicité dans La Presse, accroche porte BBQ jumelé au Publisac, campagne radio, etc.
La révision du Code de bonnes pratiques : L’examen et la révision du Code de bonnes pratiques pour le soin et la manipulation des veaux de boucherie ont commencé. L’examen du code, entrepris à l’initiative de l’Association canadienne du veau, sera guidé par le processus d’élaboration des codes du Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage. Des producteurs de veaux de grain et de veaux de lait du Québec participent à la révision du code.
C’est en partie ce qui a été abordé lors de la conférence de Mme Nathalie Côté, agente à l’environnement et à l’assurance de qualité. Elle a expliqué le processus d’élaboration et les dates importantes, dont la consultation publique prévue à l’automne 2016. Le nouveau Code devrait être publié à l’automne 2017. Pour plus de renseignements, consultezhttp://www.nfacc.ca/codes-de-pratiques/veaux-de-boucherie.
Utilisation judicieuse des médicaments : M. Rémi Laplante, vétérinaire-conseil de la Fédération a entretenu les producteurs sur l’usage des médicaments dans l’industrie du veau lourd. Les besoins pour la santé animale étant assez évidents, M. Laplante a mis l’accent sur les répercussions possibles de leur utilisation en lien avec la salubrité de la viande produite.
Les responsabilités du producteur et celles de l’acheteur ont été mises en lumière, ainsi que les moyens dont disposent les autorités pour faire respecter ce contrôle de la qualité. Finalement, dans le but de permettre un meilleur accès aux médicaments pour cette production, l’agenda du groupe de travail sur le sujet a été brièvement exposé.
Nouvelles individuelles des secteurs
À la suite des ateliers conjoints, les producteurs se sont rassemblés en atelier dans leur secteur respectif. Ainsi, les secteurs bouvillon d’abattage, veau d’embouche, bovin de réforme et veau laitier ainsi que le veau de lait et le veau de grain ont échangé entre eux, voté des résolutions, appris et réfléchi à travers des conférenciers dynamiques.
Veau de lait
Veau vérifié et outils informatiques : Afin de favoriser l’adhésion au programme Veau vérifié, le comité de mise en marché des veaux de lait souhaite rendre disponible aux producteurs de veaux de lait, une plateforme mobile pour la tenue de registres informatisés à la ferme. La firme Datahex, chargée des travaux, a déjà développé une première version du logiciel sur une tablette iPad et procèdera bientôt à un projet pilote sur quelques fermes, suivi d’un volet formation qui sera offert aux producteurs.
ASRA : Le maintien du Programme ASRA dans le secteur veau de lait demeure un enjeu prioritaire. Déjà, des ajustements ont été apportés en 2015. La Fédération revendique le maintien pour 2016 et les autres années. Un plan de match permettant de conserver l’ASRA est actuellement à l’étude par La Financière agricole du Québec (FADQ). Ce projet a fait l’objet d’une présentation lors de l’atelier des producteurs de veaux de lait.
Veau de grain
À l’atelier des producteurs de veaux de grain, les délégués ont d’abord appris que l’année 2015 démarre sur une note très encourageante, autant pour eux que pour les acheteurs, avec une hausse du volume de 6 % par rapport à l’année précédente, signe que les producteurs réagissent positivement aux signaux actuels du marché.
D’autre part, les discussions ont porté presque exclusivement sur la mise en marché, notamment sur la formule idéale de fixation du prix de vente dans le cadre de la refonte du système de mise en marché. Les délégués ont pu constater les efforts accomplis par le comité de négociation et par les acheteurs de veaux de grain pour faire avancer ce projet. Toutefois, la formule de prix élaborée au cours de ces négociations a montré certaines lacunes au cours des derniers mois, de sorte que les délégués ont demandé à leur comité de revoir ladite formule. Ils demandent en outre que la formule se rapproche davantage du coût de production. Les discussions en atelier ont permis de confirmer le véritable enjeu qui sous-tend ce projet de refonte, soit la capacité du secteur de procurer aux transformateurs un approvisionnement constant et adéquat.
Les délégués ont aussi mandaté leur comité pour revoir les modalités d’ASRA avec la FADQ afin que tous les veaux de grain produits soient désormais admissibles à l’ASRA, tout en s’assurant que le poids du produit final corresponde le plus possible aux besoins des acheteurs. Actuellement, les veaux de grain d’un poids supérieur à 353 lb, ajusté au jour de vente, ne sont pas admissibles.
Veau d’embouche
Considérant que 81 % des producteurs de veaux d’embouche consultés lors des assemblées régionales étaient en faveur de la hausse de 0,75 $/veau, les délégués, réunis en atelier et par la suite en plénière, ont approuvé la hausse de contribution. La hausse de la contribution permettra à l’agence de maintenir l’ensemble de ses services aux producteurs et de réaliser quelques projets de développement.
Il y a eu confirmation aux délégués que le protocole de vaccination sera modifié pour ajouter un délai maximum de quatre mois entre la date de vaccination et la date de vente. Une note sera envoyée rapidement aux encans de même qu’aux vétérinaires pour une diffusion rapide aux producteurs.
Les délégués ont appris le maintien, par le MAPAQ du financement des Bovi-experts pour l’année en cours. Le financement sera de 85 % au lieu du 90 % qui prévalait durant le projet pilote. Bien que satisfaits des efforts du MAPAQ, les producteurs demandent qu’il s’engage à soutenir l’équipe Bovi-experts pour au moins les trois prochaines années, et ce, au même taux, soit 85 %.
Du côté mise en marché, pour maximiser les revenus provenant de la vente des veaux d’embouche femelles, l’atelier a mandaté l’agence pour réaliser une analyse de la rentabilité de l’engraissement des veaux d’embouche femelles et, s’il y a lieu, d’identifier les meilleures opportunités de marché pour ces veaux au Québec.
Assemblée générale spéciale des producteurs de bouvillons d’abattage
Dans le cadre d’une assemblée générale spéciale des producteurs de bouvillons d’abattage tenu à huis clos, une quarantaine de producteurs de bouvillons ont échangé sur les dossiers du secteur.
Les discussions ont surtout tourné autour de trois sujets, soit :
- La nouvelle grille d’écarts de prix des enchères électroniques qui devrait normalement entrer en vigueur le 4 mai 2015 ainsi que le déplacement possible de la journée de la tenue des enchères électroniques.
- Un projet de participation à un groupe-conseil afin de pouvoir procéder à une analyse de groupe spécifique à la production de bouvillons. Ce projet s’inscrit dans la foulée du plan stratégique du secteur.
- Le renouvèlement de l’enveloppe budgétaire de la FADQ. Lors du passage du président de la Fédération, M. Claude Viel, les producteurs ont exprimé leurs préoccupations concernant ce sujet.
Bovin de réforme et veau laitier : suite des planifications stratégiques
L’atelier bovin de réforme et veau laitier a abordé plusieurs dossiers qui ont retenu l’attention de près de 60 producteurs présents. Évidemment, la mise en œuvre des planifications stratégiques du secteur bovin de réforme et du secteur veau laitier figurent en tête de liste.
Une nouvelle convention avec les deux associations des encans est entrée en vigueur le 6 octobre 2014. Il était nécessaire de modifier cette convention pour tenir compte de la nouvelle réalité dans la mise en marché des bovins de réforme. Parmi les faits saillants de cette convention, mentionnons les frais de service négociés jusqu’en 2017, la précision sur la responsabilité des encans à l’égard des animaux qui y transitent et l’ajout d’un protocole de biosécurité.
Les producteurs ont eu droit à une présentation sur le bien-être animal « Permis social pour produire » par M. Stéphane Beaudoin, agr., consultant en matière de bien-être animal. L’importance du bien-être animal, les lois et les codes de bonnes pratiques ainsi que les formations offertes ne sont que quelques sujets abordés lors de cette présentation qui s’inscrit parfaitement dans le cadre des travaux de mise en œuvre des plans stratégiques.
Des réponses réitérées
Durant la plénière, à certains délégués qui demandaient des clarifications concernant la contribution spéciale de 53,86 $, les représentants de la Fédération ont réitéré que le prêt de 32 M$ est complètement remboursé depuis la fin 2014 comme prévu et comme il avait été annoncé.
Le taux de perception a atteint 95 %. 400 causes sont encore devant les tribunaux pour un montant à percevoir de 3 M$. La Fédération continue de demander la radiation complète du prêt de 19 M$ auprès d’Investissement Québec. Et selon les dires du vérificateur indépendant de la Fédération, M. Bernard Grandmont, « Si on avait à rembourser demain matin, ce serait difficile de continuer à fonctionner. Si on enlève Colbex, la situation financière est saine et l’avoir net est extrêmement positif ».
Les demandes des délégués
Au terme des deux journées d’assemblée, les délégués ont adopté 21 résolutions qui guideront les actions de la Fédération au cours de la prochaine année. Le résumé de ces résolutions est disponible sur le site Internet de la Fédération au www.bovin.qc.ca.